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Au printemps les bourgeons éclosent et les tiques se mettent à l'affût. Rude / Wikimedia Commons

Les tiques sont de retour : ce qui fonctionne pour éviter les piqûres

Les tiques sont de plus en plus présentes dans notre environnement, en raison des changements socio-économiques et climatiques qui résultent des activités humaines. Ces acariens, qui sont strictement hématophages (ils se nourrissent de sang uniquement), hébergent un grand nombre de micro-organismes (bactéries, virus, parasites).

Transmis lors de la piqûre, certains d’entre eux peuvent être à l’origine de maladies chez l’être humain, telle que la maladie de Lyme. Voici quelques bonnes pratiques à adopter pour limiter le risque d’être piqué.

Un problème de santé de plus en plus important

En France, la tique Ixodes est la plus répandue dans les écosystèmes. Ce petit acarien passe, après son éclosion, par plusieurs stases de développement (larves, nymphes et adultes). Si Ixodes peut piquer plus de 300 animaux différents (lézards, oiseaux, rongeurs et cervidés notamment), l’être humain est un hôte accidentel.

Les trois stades des tiques du genre « Ixodes ». Nathalie Boulanger, Author provided (no reuse)

Cette tique vit surtout dans les écosystèmes forestiers où elle chasse à l’affût sur la végétation et redescend dans la litière du sol pour se réhydrater, car elle est très sensible à la dessiccation. Son pic d’activité important s’étire de mars jusqu’à juin, puis de septembre à novembre en climat continental. En climat océanique, elle est active toute l’année, et n’observe pas de diapause (arrêt d’activité) hivernale.

Ixodes pose de plus en plus de problèmes en santé humaine, car elle est susceptible de transmettre différents agents infectieux (virus, bactéries et parasites). Parmi ceux-ci figure la bactérie responsable de la borréliose de Lyme, qui peut constituer une pathologie invalidante si elle n’est pas correctement diagnostiquée.

Porter des vêtements couvrants

La prévention primaire contre les tiques repose essentiellement sur des mesures simples, telles que le port de vêtements longs et clairs, le fait de mettre les bas de pantalon dans les chaussettes (rarement pratiqué…), de faire porter une casquette aux enfants pour protéger les piqûres du cuir chevelu. À ce propos, rappelons que les tiques ne tombent pas des arbres.

Photo de deux nymphes d’Ixodes ricinus, respectivement gorgée de sang (à gauche) et non gorgée (à droite).
Nymphes d’Ixodes ricinus, gorgée de sang (à gauche) et non gorgée (à droite). Nathalie Boulanger, Author provided (no reuse)

Le contrôle corporel au retour de zones infestées est essentiel. Toutes les zones chaudes et humides du corps, plis des membres, nombril, organes génitaux, oreille et cuir chevelu sont des sites privilégiés pour les piqûres.

La majorité des piqûres se produit sur les membres inférieurs. Les piqûres de larves et de nymphes sont les plus difficiles à détecter sur l’être humain. En effet, compte tenu de leur petite taille, elles passent souvent inaperçues.

Utiliser des répulsifs cutanés

Un autre type de prévention primaire contre les piqûres de tiques repose sur l’utilisation de répulsifs cutanés. Ces produits sont surtout employés pour la lutte contre les moustiques en zone tropicale. Une actualisation des connaissances est en cours sur l’efficacité des répulsifs cutanés contre les piqûres de tiques.

Les répulsifs ne tuent pas les tiques, mais les repoussent, les empêchant ainsi de piquer l’être humain ou l’animal. Les répulsifs actuels sont des molécules à application cutanée. Quatre molécules sont identifiées comme efficaces contre les piqûres de tiques :

  • l’huile d’eucalyptus citronné (extrait de l’eucalyptus Corymbia citriodora, ce n’est pas une huile essentielle) ou son dérivé synthétique le PMD (P-menthane-3, 8-diol) ;

  • le DEET (diethyl toluamide) est le plus largement utilisé depuis plusieurs décennies et constitue la molécule de référence. Cependant, il altère certains tissus synthétiques (rayonne, spandex, vinyl…) et certaines matières plastiques (lunette, bracelet-montre) ;

  • IR35/35® (N-butyl, N-acétyl-3 éthylaminopropionate) ;

  • KBR 3023 ou picaridine (1-piperidine carboxylic acid) ;

D’autres produits d’origine naturelle sont étudiés, comme le 2-undecanone (BioUD®) issu de la tomate, l’acide décanoique (Contrazek®) dérivé huileux issu de noix de coco ou de palme, le géraniol, l’extrait de Margosa ou margousier (neem) et l’extrait de lavande.

Les autres huiles essentielles sont en général peu ou pas recommandées. Très volatiles, leur effet répulsif est limité (de 20 minutes à 1 heure). En outre, certains composés de ces huiles essentielles sont des irritants de la peau (citral, farnesol, trans-2-hexenal), voire carcinogènes (eugenol). Tout produit naturel n’est donc pas inoffensif !

L’imprégnation vestimentaire à base de perméthrine n’est plus recommandée depuis 2022, du fait d’un rapport bénéfice-risque défavorable. Un rapport récent de l’Inserm a mis en évidence l’effet néfaste sur la santé des pyréthrines. D’autres produits sont à l’étude pour l’imprégnation vestimentaire, mais les effets répétés d’un contact de ces produits avec la peau de l’être humain n’ont pas été clairement étudiés.

Soulignons que les bracelets « anti-tique » ne sont pas efficaces.

Extraire une tique

En cas de piqûre de tique, l’extraction mécanique est la plus efficace et elle doit être pratiquée le plus rapidement possible afin d’éviter la transmission éventuelle de pathogènes (généralement transmis en 12-24h pour les bactéries et les parasites ; la transmission est immédiate pour les virus).

Photo d’une pince à tique « tire-tique », pour extraire les tiques.
Pince à tique « tire-tique », pour extraire les tiques. Nathalie Boulanger, Author provided (no reuse)

Les crochets « tire-tique » sont particulièrement appropriés, et doivent être recommandés. Faute d’un tel outil, une pince fine, voire une pince à épiler, peut constituer une alternative.

Il faut saisir fermement la tique au plus près possible de la tête, à proximité immédiate de la peau, puis la tirer vers le haut, d’un mouvement lent et régulier. Il n’est pas nécessaire d’appliquer un mouvement de rotation.

Comment retirer une tique.

L’application de substance pour « asphyxier » la tique est inutile, car aucune étude scientifique n’en a démontré l’efficacité.

L’érythème migrant, signe clinique de la maladie de Lyme. Clinique dermatologique, CHRU Strasbourg., Author provided (no reuse)

Une fois la tique retirée, la mettre tique sur un morceau de ruban adhésif et la jeter. Si les pièces piqueuses restent dans la peau, le nodule cutané finira par disparaître : inutile de consulter un médecin.

Surveiller ensuite la zone de piqûre pendant un mois, pour détecter le développement éventuel d’un érythème migrant (tache rouge, qui s’étend de façon centrifuge), premier signe clinique d’une borréliose de Lyme.

Aménager l’environnement

Les tiques Ixodes sont largement répandues dans notre environnement : une lutte intégrée est donc absolument nécessaire pour en limiter le nombre.

Cette lutte repose sur la gestion de nos écosystèmes forestiers, une limitation du gibier, notamment des cervidés (qui sont principalement source de sang pour les tiques adultes) et des mesures simples autour de nos habitations : élimination des feuilles mortes et tonte des pelouses, mise en place de barrières pour garder les cervidés à distance des maisons…

Soulignons que les espaces végétalisés, de plus en plus fréquents en zone urbaine, sont aussi susceptibles de constituer des écosystèmes privilégiés pour les tiques.

Rappelons qu’il n’existe pas véritablement de prédateurs des tiques même si certains oiseaux peuvent en manger, des spores de champignons peuvent détruire leur cuticule, des nématodes peuvent les parasiter et les tuer de même que des guêpes parasitoïdes.

Pour conclure, n’oublions pas que d’autres tiques peuvent nous piquer, mais de façon plus marginale : la tique Dermacentor (tique adulte au niveau du cuir chevelu le plus souvent), la tique du chien Rhipicephalus ou la tique molle du pigeon du genre Argas qui, elle, pique la nuit.

Une nouvelle tique invasive du genre Hyalomma s’est installée dans le sud de la France et elle est responsable de la transmission du virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo. Elle diffère des autres tiques par son comportement de chasse active. Elle évolue dans des écosystèmes secs (garrigues, zone de cailloux, etc.).

Le port de vêtements couvrants est la meilleure prévention, mais cette recommandation est complexe à suivre en zones méditerranéennes. Il convient donc s’inspecter régulièrement pour les éliminer. Et surtout, après la visite d’un site infesté, de faire un contrôle corporel minutieux pour les retirer rapidement.

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